Les cancers constituent un véritable problème de santé publique du fait de l’importante mortalité qu’ils causent et des conséquences sociales dramatiques qu’ils provoquent. Symbolisé par le ruban rose «Octobre 2022» est à sa 13ème édition de campagne d’information sur le dépistage précoce et la lutte contre les cancers du seins dans l’étendu du territoire sénégalais du 1er au 31 octobre.
« Une nodule (boule ) au niveau de mon sein droit, un changement inhabituel de grosseur et de la forme du sein, des douleurs au niveau de la poitrine, des écoulements anormaux au niveau du mamelon. Ces douleurs m’ont conduit à faire le scanner qui m’a coûté 90.000 francs et à la suite duquel m’a été diagnostiqué un cancer du sein » affirme Fanta Diouf. Cette fatikoise mère de 3 enfants revient sur les 2 ans de douleur qui ont abouti à l’ablation de son sein droit. Ces mots attestent non seulement de la douleur des femmes atteintes du cancer du sein, mais également des efforts financiers énormes qu’il occasionne. « J’achète chaque mois l’Aridex (médicaments palliatifs de la famille thérapeutique endocrine) qui coûte 93.450francs et contient 30 comprimés renouvelables tous les mois, sans compter les autres médicaments. Je subissais des séances de chimiothérapie antinéoplasique composé (de cytotoxique, antimétabolites , des fuseaux mitotiques) mélangé dans une perfusion. Ces éléments constituent la chimio et leur utilité est d’empêcher la division des cellules appelées mitoses et ainsi détruire les cellules conscientes qui ont la particularité de se multiplier exagérément. La radiothérapie aussi s’en suivait. Ma routine se limitait à l’hôpital et chez moi j’avais plus de vie. Je me rappelle encore les mots du médecin: ‘’Mme la semaine prochaine on va procéder à l’ablation de votre sein. Je suis navré, c’est ce qui reste à faire.’’ Il s’en est suivi l’ablation de mon sein droit le 28 décembre 2017 à l’hôpital Le Dantec de Dakar. » poursuit-elle.
Si Fanta s’est vu enlever un (1) sein à cause du cancer, Diatou Manga revient sur les derniers jours de sa mère qui a subi l’ablation de ses 2 (deux) seins et qui rendra l’âme à cause du cancer. «Au début des douleurs de la mère, les médecins lui avaient diagnostiqué un kyste, mais elle sentait de plus en plus de la douleur et comme elle était en Casamance est venue à Dakar. C’est là qu’on lui a detécté le cancer du sein après une mammographie.» (La mammographie qui est l’examen qu’on fait faire aux patientes pour vérifier si elles sont atteintes du cancer du sein, se déroule en plusieurs étapes et dure 15mn). J’étais encore petite à cette époque, mais je me rappelle que ma mère faisait chaque 2 (deux) jours par semaine des séances de chimiothérapie et à chaque fois qu’elle subissait ces séances, elle s’affaiblissait de jour en jour, elle n’avait plus sa chevelure et à cette époque le médicament qu’elle prenait coûtait 120.000 frs et était renouvelable chaque mois. Après l’ablation de son sein gauche, elle a commencé à perdre la voix, ne se couchait plus sur un lit à cause de ses douleurs atroces. Hélas le sein droit était contaminé et la même procédure a repris jusqu’à l’ablation de ce sein droit aussi. C’est alors qu’elle a rendu l’âme vaincu par la maladie et laissant 4 (quatre) enfants orphelins.
Au Sénégal, le cancer du sein est souvent décelé un peu tard chez beaucoup de patientes à cause du dépistage tardif ce qui suscite un handicap sur la prise en charge des femmes. Selon la LISCA 12000 femmes sont atteintes du cancer du sein au Sénégal. Ainsi « Chaque année le pays enregistre 1750 nouveaux cas de cancer du sein » déclare Fatma GUÉNOURE la Présidente de la Ligue Sénégalaise Contre le Cancer. Par contre en 2020, le Sénégal a enregistré 1800 nouveaux cas. Mme Guenoune de renchérir que la couverture maladie universelle (C.M.U) ne prend pas en charge le traitement du cancer et qu’il existe de nombreux obstacles à sa prévention. Même si les examens complémentaires sont un peu cher, et qu’il y a des médicaments palliatifs pour atténuer la douleur, le dépistage du cancer du sein est gratuit. «Pour la chimiothérapie et la radiothérapie, ainsi que la prise en charge, elles sont gratuites depuis 2019 » affirme Docteur Dame DIALLO médecin dans la région de louga.
Le cancer du sein, cette maladie est une vraie menace pour toutes les femmes car selon les spécialistes 1 (une) femme sur 5 (cinq) risque de développer le cancer du sein. Allant dans le même sens Mme GUÈYE, sage-femme à l’hôpital régional de Kaolack, demande aux femmes de veiller à leur hygiène de vie, à savoir écouter leur corps pour détecter les signes d’alerte avant de conclure que chaque femme doit être capable de faire l’autopalpation de ses seins .
Les coûts exorbitants du traitement pour le cancer du sein, les examens à ne pas en finir poussent les bonnes volontés à œuvrer vigoureusement pour la lutte contre le cancer du sein. Pour ces bonnes volontés comme la LISCA au Sénégal « Octobre Rose » est plus qu’une campagne annuelle de communication destinée à sensibiliser au dépistage du cancer du sein mais sert également à récolter des fonds pour la recherche. Plus, la campagne est un rendez-vous annuel de mobilisation nationale qui a pour objectif de lutter et d’accompagner les malades du cancer du sein, de les conseiller par une assistance psycho-sociale pour une bonne prise en charge de leur maladie.
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