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« Pour une fois je soutiens Cheikh Oumar Anne, même si… »

Je fais partie de ceux qui l’ont fait, mais si ça doit déboucher sur les dérives que nous voyons nous tous, mieux vaut l’arrêter. Des cours d’encadrement dans les établissements publics, ce n’est pas un droit, c’était juste une dérogation. Ne soyons pas hypocrites : dans nos écoles nous sommes tous au courant de certaines accusations (Dieu seul sait) et des pratiques louches.

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Et puis, pour dénoncer une loi, il faut montrer son caractère irrationnel, injuste, arbitraire : ce n’est pas parce que la loi ne dit pas ce qui m’arrange qu’elle est injuste. Quand on s’engage dans une profession, on s’y engage avec la promesse de respecter les règlements en vigueur. L’enseignement n’est pas une anarchie. Si dans certains pays les écoles privées sont interdites, c’est bien parce qu’on sait que l’argent peut fausser le principe d’égalité que veut promouvoir l’école.

La République a un sens, ça veut dire quelque chose : le problème, c’est qu’il y a toujours, partout, dans tous les corps des gens qui croient que tant qu’une chose les arrange, c’est légal et dès qu’elle ne les arrange plus, c’est illégal. C’est notre mal le plus profond, nous sénégalais : Macky Sall est comme ça (regardez l’impunité dans son camp) nous ne pouvons pas combattre Macky sur ce terrain et continuer à reproduire les mêmes schémas.

Et pour dire un mot sur les répliques apportées par les nôtres à cette décision, il faut préciser qu’une pratique juste tolérée n’est pas automatiquement un droit pour cette seule raison qu’elle est tolérée : la loi est clair là-dessus, et tout le monde le sait. Aucun Etat sérieux ne peut assister, indifférent, à la privatisation de l’école et de l’espace scolaire, ce serait un grave précédent. Et l’argument consistant à dire que la demande justifie l’offre est intenable et ce, au moins pour deux raisons.

La première raison est que la demande est parfois très discutable car, c’est en créant une pénurie qu’on crée artificiellement la demande. L’offre peut aiguiser l’appétit et, par conséquent la demande. Le fait de voir ses camarades bénéficier dans l’enceinte même de l’école des cours d’encadrement suscite chez l’apprenant l’angoisse d’être défavorisé, d’où le fait de trouver un moyen de rejoindre le groupe. La deuxième qui est liée à la première est juste une illustration : il y a bien une demande de cocaïne, et de gros consommateurs de cette drogue, ce n’est pas une raison, du moins à ma connaissance, de légitimer ou de légaliser la vente de ce produit !

En ce qui concerne l’argument selon lequel les autorités elles-mêmes ne respectent pas la loi, il faut dire qu’il n’est même pas un argument. Un criminel qui se défend en arguant que son père est un criminel et qu’il lui a appris sa malfaisance pourrait certes susciter la commisération de l’opinion, mais jamais prouver son innocence.

Le monde de l’enseignement ne peut pas être un laisser-aller, y prôner des réflexes de défiance instinctive de l’autorité ne règle rien. Le pire ennemi d’une vie sociale harmonieuse, c’est le privilège d’anarchie dont pourraient se prévaloir certaines personnes. Cheikh Oumar Anne n’est certainement pas le ministre qui nous aurions souhaité avoir, mais cette décision d’interdire des cours privés dans l’enceinte de l’école est, à notre avis, non seulement légale, mais légitime.

Cependant cette mesure doit également concerner l’enseignement supérieur où la vente des fascicules frôle l’anarchie dans certains départements. Il faut parfois des contrôles : l’école est trop précieuse pour être laissée à l’arbitraire des individus. Un Etat est un Etat ou il ne l’est pas. On ne peut pas être dans un Etat et exiger l’absence de l’Etat, c’est un non-sens qu’aucune rationalité ne saurait tolérer.

* Par Alassane K. KITANE

#AlassaneKKITANE #CheikhOumarAnne

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